Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

28/02/2012

Réunion DCP (2011-2012) n°4 (Aurélien GAMPIOT MOKOKO) : CR

judaïsme,juifs,juifs noirs,juifs noirs à paris,paris,religion à paris,aurélien gampiot,gsrl,crLe 20 février 2012, l'équipe du programme "Dieu Change à Paris" (GSRL) s'est réunie sur son site Pouchet (Paris) pour écouter Aurélien GAMPIOT MOKOKO (ci-contre), post-doctorant du GSRL qui a publié sa thèse de doctorat en deux volets: sur le kimbanguisme en France et sur l'identité noire.

 Son thème du jour porte sur les Juifs noirs à Paris, au travers d'un dossier aussi méconnu que passionnant qui met en lumière des dynamiques identitaires en situation de minorité. 


Aurélien Gampiot a commencé par rappeler que le kimbanguisme, christianisme endogène africain, comporte une forte dimension juive dans ses thématiques. Fondé sur une réappropriation du message chrétien légué dans les années 1920 au Congo belge, le kimbanguisme s'est basé sur un discours de légitimation présentant Simon Kimbangu, le fondateur, comme un nouveau Moïse. Ce travail de recomposition a favorisé une identification avec les "Juifs de la Bible", les Hébreux.

 Cet arrière-plan, renforcé par les traditionnel croisements entre culture biblique protestante et héritage juif, a nourri, en France, le développement d'une microminorité à la fois noire, africaine, et juive.

 

judaïsme,juifs,juifs noirs,juifs noirs à paris,paris,religion à paris,aurélien gampiot,gsrl,cr250 familles juives noires en île de France

 Une figure de proue est incontestablement Gershon Nduwa (né en 1962), qui est le premier rabbin juif noir en France. Il est actuellement en cours de formation. Il a commencé son cursus en Israël. Quelques modules lui restent à finir...

Le consistoire lui impose un an d'étude pour parachever son bagage. Gershon Nduwa s'est préalablement investi dans l'Amitié judéo-noire, créée par le CRIF, mais la trouvant trop politisée, il s'est retrouvé, pour peu de temps, secrétaire général du CRAN, puis a créé la Fraternité Judéo-Noire (FJN) en 2007.

Son objectif? Mettre en place un organe de liaison entre les Juifs noirs disséminés à travers la France, dont 250 familles en île de France.

 Il a fortement contribué à une évolution des mentalités, traduite par cette déclaration du Président du consistoire le 8 janvier 2012, "on ne trouve pas de séfarades ou d'ashkénazes dans la Bible, mais on trouve des juifs noirs".


Natifs et convertis 

Deux catégories de juifs ont été interrogées par Aurélien Gampiot Mokoko.

1. Les natifs. Juifs éthiopiens ou bêta-israëls, appelés péjorativement les falashas (qui veut dire "exilé, étranger"). 13 repérés, 8 interrogés. 6 nés du métissage entre ashkénazes ou sépharades avec des noirs africains ou antillais. Le film Va, vis et deviens raconte l'histoire de ces natifs juifs noirs, avec les problèmes culturels posés lorsqu'ils s'installent en Israël.

2. Les convertis, au nombre de 25. A ces catégories se greffent aussi quelques couples mixtes. La majorité des personnes interrogées sont des catholiques d'origine, mais on compte aussi d'autres confessions, dont quatre baptistes.

 

aurélien gampiot mokoko,judaïsme,juifs,juifs noirs,juifs noirs à paris,paris,religion à paris,aurélien gampiot,gsrl,crEntre "mauvais regard" et bon accueil 

Les convertis africains sont très souvent déjà circoncis. Quand ce n'est pas le cas, ils se font circoncire, parfois en passant par des cliniques juives. La plupart du temps, ils sont confrontés à des problèmes de racisme. Les preuves de judéïté sont très strictes, et la couleur de peau peut être perçue comme un obstacle.

Tous les enquêtés parlent du "mauvais regard". "Qu'est ce qu'elle vient faire ici la négresse" a-t-on prononcé, dans une synagogue...  Mais le bon accueil existe aussi, les situations sont variables.

Dans tous les cas, l'action de la Fraternité judéo-noire a joué un rôle stratégique, et a opté pour un contournement du monde juif français, en s'appuyant sur une dynamique transnationale. Israéliens, Américains en particulier. Le premier député éthiopien israélien a ainsi été nommé président d'honneur de la Fraternité judéonoire.

Face aux risques de surenchère identitaire (Tribu KA), la Fraternité judéo-noire joue un rôle de passerelle et d'espace intercommunautaire déclivant les discours de rupture, en soulignant, y compris dnas les écoles et les collèges, que l'on peut être juif et noir.

 

Les commentaires sont fermés.