Dieu Change à Paris mort et résurrection

Par Sébastien Fath (GSRL) 

 Le projet Dieu Change à Paris (DCP), tel qu'il a été formalisé au cours des années 2005-2006 et 2006-2007 autour des contributions de plus de cinquante chercheuses et chercheurs, est MORT.

Proposé à l'ANR (Agence Nationale de la Recherche) pour un financement global, il a été recalé, sans explication ni notification au responsable, au début de cet été 2007.

Compte tenu de son échelle et de son besoin de financement (environ 360.000 Euros), seule l'ANR pouvait véritablement porter l'ensemble de ce projet. Le refus de l'ANR aboutit donc, de facto, à la mort du projet DCP tel qu'ilavait été formulé (voir ci-dessous la mouture du 1er mars 2007).

En tant que cheville ouvrière de ce projet, je présente mes remerciements et mes regrets les plus vifs à tous, celles et ceux qui ont si activement et intelligemment contribué à enrichir DCP.

Ce fut un très gros travail de deux ans, et j'aurais aimé, et beaucoup auraient aimé aussi, je le sais, une autre fin.

Les engagements promis deviennent, évidemment, lettre morte puisque le financement espéré n'est pas là.

Liberté est rendue à tous les contributeurs du projet.

 

Que restera-t-il de cette aventure?  Plusieurs choses.

-1/ D'abord, la prise de conscience qu'il importe, à terme, de se pencher sérieusement sur les mutations religieuses parisiennes.

-2/ Ensuite, l'acquis d'une tentative de problématisation globale, la vingtaine de pages produite pour le projet DCP restant une boîte à outil fort utile pour tous ceux qui, plus tard, s'attaqueront au sujet. Cette problématisation reste téléchargeable sur ce site, si cela vous intéresse, n'hésitez pas, servez-vous!

-3/ Enfin, des opérations de recherche ciblées, à périmètre réduit, peuvent et pourront se développer, sur une base plus modeste, certes, mais complémentaires. Que chaque spécialiste (islam, judaïsme, protestantisme, catholicisme, bouddhisme etc...) n'hésite pas à s'attaquer, sur son terrain de compétence, à une enquête parisienne, en cherchant à chaque fois les financements ad hoc.

De manière décentralisée, les objectifs du projet DCP resteront ainsi en ligne de mire, permettant plus tard, qui sait, une synthèse globale. 

 

Ces opérations de recherche ciblées ne sont pas une vue de l'esprit. La Mairie de Paris, dont j'ai rencontré un représentant fin août, est très intéressée par des enquêtes précises sur les lieux de culte.

Même réflexion pour la région île de France. Les financements à espérer, évidemment, ne s'approchent pas de ceux de l'ANR, mais il y a de quoi monter des opérations solides.

A/ L'une d'entre-elles, "Plurielles et durables, les cultures musulmanes dans la capitale", est en cours de finalisation. Commande de la Mairie de Paris au travers du centre de préfiguration de l'Institut des Cultures Musulmanes (ICM), cette enquête produira ses résultats à l'automne.

B/ Une autre opération en cours est pilotée par le très dynamique programme de recherche GSRL consacré à "Religion et société en Asie orientale". Cette opération vise à repérer les lieux de culte, les réseaux liés à la "religion chinoise" dans l'espace parisien. Passuinnant!

C/ Un autre fruit indirect de DCP est l'idée d'organiser, en 2009, un colloque de l'Association Française de Sciences Sociales des Religions (AFSR) sur "religion et immigration", avec une forte composante parisienne. 

De multiples autres terrains religieux, comme ceux du christianisme parisien (catholicisme, du protestantisme, églises orientales) susciteront aussi, je l'espère, des vocations de projets ciblés.

Le projet DCP en tant que programme global et centralisé est mort, puisse-t-il ressusciter par petits bouts, sur un mode plus décentralisé et souple!