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14/06/2013

Réunion double DCP n°5, 10 juin 2013, l'islam des quartiers

images.jpegC'est à une réunion double qu'une petite quinzaine de participants ont pu assister, le 10 juin 2013 dans les locaux du laboratoire GSRL à Paris, autour des enjeux posés par la légitimation et la visibilisation locale des nouveaux acteurs musulmans en île-de-France. 

 

Pour éclairer ces questions, deux chercheurs ont successivement pris la parole, Christophe Monnot et Alexandre Piettre, que nous remercions.


 

Christophe Monnot  (professeur remplaçant à l'Université de Lausanne, post-doc GSRL) a centré son propos sur le sujet suivant : "L'islam des mosquées et le jeu de légitimation locale, étude de cas"

 Il a souligné que Les consensus nationaux, en Suisse comme en France, sont remis en cause par la diversification du champ et des pratiques religieuses. Le retour du religieux se fait en dehors du cadre des compromis historiques. Du coup, cela induit une rediscussion des pactes culturels et cultuels.

 En région parisienne, les luttes pour la reconnaissance, du côté des nouveaux acteurs islamiques, passent par la lutte pour la visibilité. Mais les réactions suscitées alimentent souvent le rejet et la phobie, la "panique morale". L'enjeu est de se faire connaître avant de se faire reconnaître. Pour cela, différents vecteurs sont mobilisés (initiatives "Printemps des quartiers", par exemple). Mais le problème est qu'en France, il n'y a pas de procès de reconnaissance qui ne soit subordonné à une injonction à l'invisibilité de l'islam dans l'espace public. Manuel Valls, lors de l'inauguration de la mosquée de Strasbourg : "une seule communauté qui vaille, c'est la communauté nationale".

L'un des objectifs partagé par la plupart des nouveaux acteurs musulmans en île-de-France est d'aboutir à une révision des des normes de reconnaissance qui font que certains sont reconnus, et d'autres exclus.

 

Un islam des quartiers "impolitique" 

Alexandre Piettre (Université de Paris VII, post-doc au GSRL) a quant à lui porté la focale sur les acteurs du renouveau islamique en île-de-France. Il souligne il n’y a pas de «communauté musulmane» unifiée en termes de comportement politique, et les positionnements politiques des acteurs islamiques obéissent plus à des raisons pragmatiques qu’idéologiques.

Dans les grands quartiers d'habitat social de la région parisienne, les « entrepreneurs de morale » islamiques jouent un rôle majeur dans la transformation des imaginaires de ces espaces sociaux.

 Plutôt que de ne voir dans leur engagement qu'un islam « politique » et d'alimenter ainsi la mythologie des cités-ghettos, Alexandre Piettre propose de déceler plus finement la façon dont le renouveau islamique acquiert une portée politique avec la perspective de l'impolitique du philosophe Roberto Esposito, en tant que celle-ci nous invite à observer le politique « à partir de son confin, de sa limite, de sa blessure qui l'interrompt dans son accomplissement même ».

Le soubassement religieux apparaît ainsi à réévaluer, tout en soulignant aussi le caractère pragmatique de la traduction politique "dans les quartiers", qui peut aboutir à des alliances politiques locales très différentes d'une municipalité à l'autre.

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