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12/12/2012

Réunion DCP n°2 (2012-13) : Maria Luisa Caputo

hervé vieillard-baron,patrick simon,lucine endelstein,gsrl,paris,judaïsme,londres,université de paris 1,marie-luisa kaputo,crLe 3 décembre 2012, nous avons eu le plaisir d'accueillir au GSRL Marie-Luisa Caputo, pour notre seconde séance de l'année académique 2012-2013.

Le titre de l'intervention était: "Quartiers juifs orthodoxes à Londres et à Paris. Apprivoiser l'espace : les communautés face au défi de l'urbanité"

Marie-Luisa Kaputo effectue sa thèse à Paris 1 (2e année de doctorat) sous la direction du professeur Petros Petsimeris, tout en étant actuellement visiting scholar à l'Université d'Oxford. Elle travaille sur les questions de ségrégation. Elle est partie d'une approche statistique au départ, mais s'appuie aussi sur une formation anthropologique et une analyse sociologique multi-factorielle appelée à apporter une nouvelle pierre à la compréhension des logiques identitaires et spatiales du judaïsme orthodoxe à Paris, déjà étudiées par Lucine Endelstein.


 Sa thèse consiste en une enquête comparative sur les communautés juives de Londres et Paris (19e arr. et Sarcelles, "petite Jerusalem"), sous l'angle des quartiers orthodoxes. Comment et pourquoi les communautés religieuses se pérennisent ?

La recherche s'appuie sur trois prémisses :

-soit à Paris soit à Londres, ont été mises en place des politiques antiségrégationistes.

-Les communautés ethniques et religieuses sont généralement considérées comme les principales responsables de cet inaccomplissement.

-Pourtant, ces communautés se sont en fin de compte renforcées, mais par un phénomène d'agrégation volontaire, en vertu d'un processus de recomposition identitaire qui émerge dans les années 1980.

 

La problématique générale porte sur la question de la ségrégation urbaine comme conséquence de processus d’agrégation volontaire, et des politiques mises en œuvre pour limiter celle-ci et favoriser au contraire la mixité. Sur ce point, la Grande Bretagne et la France ont des approches différentes et même opposées : « modèle républicain d’intégration » vs la nation britannique vue comme « communauté de communautés ». Mais celle-ci a évolué depuis le début des années 2000, à la suite d’un rapport du Ministère de l’intérieur (Home Office) faisant suite à des émeutes urbaines et appelant à plus de cohésion sociale (Building Cohesive Communities, 2001). Il y aurait donc un certain rapprochement des modèles.

 Appuyée sur une projection Powerpoint permettant de très bien suivre l'exposé, M. Luisa Caputo évoque différentes interprétations des formations communautaires, celle de Vieillard-Baron (qui parle de replis communautaires, liés à une déception face à la non réalisation de l’idéal égalitaire), celle de Patrick Simon  (qui privilégie l’approche culturelle : la peur de la perte d’identité), et celle de son tuteur à Oxford Ceri Peach  (les communautés développent des stratégies spatiales pour conserver leurs formes sociales). Elle semble privilégier plutôt la dernière approche, par son hypothèse sur l’espace comme lieu d’expression et d’inscription du soi, de construction de la différence.

 

Débats et prolongements

Les débats autour de cet exposé ont d’abord permis aux participants d’apporter à Maria Luisa des compléments bibliographiques, notamment l’ouvrage Urbaphobie, issu d’un colloque auquel ont participé Sébastien Fath et Jean Laloum, où la ville apparaît comme le lieu par excellence de la sécularisation, une « Babylone moderne » dont des religieux peuvent vouloir se préserver.

 

hervé vieillard-baron,patrick simon,lucine endelstein,gsrl,paris,judaïsme,londres,université de paris 1,marie-luisa kaputo,crSur un plan plus théorique, on a insisté aussi sur la nécessité de faire référence à l’histoire de ces groupes juifs orthodoxes: tant leur choix fondamental du « séparatisme spatial » pour préserver strictement leurs traditions religieuses (un séparatisme qui fait partie intrinsèquement de leur identité donc), que les raisons politiques qui ont présidé à leurs déplacements et à leur installation dans telle ou telle ville (persécutions,…).

Les travaux d’Alain Tarrius sur les «territoires circulatoires» entre des villes mondialisées ont été également évoqués: ils portent sur d'autres terrains, mais ils peuvent tout à fait être utilisés pour ces groupes juifs orthodoxes, qu’il s’agisse de réseaux d’échanges matrimoniaux, commerciaux, ou de circulations entre des centres d’étude religieuse.

On a rappelé enfin la politique du Maire de Paris depuis 2001, Bertrand Delanoë, de valoriser les différences culturelles et religieuses (voir par ex. la création de l’Institut des Cultures d’Islam dans le 18ème arrondissement), en soulignant qu’il fallait donc distinguer entre la visibilité (nouvelle?) de certains évènements festifs (défilé du Dieu Ganesh, Lumières de Hanouka,…) et la visibilité au quotidien plus classique ou propre aux groupes orthodoxes.      

 

Malgré la relative brièveté de la séance, Maria Luisa nous a donné l’occasion de réfléchir à nouveau sur ces sujets à la fois de politique urbaine et de dynamiques religieuses.  

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