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18/12/2009

Catholicisme à Paris (compte-rendu réunion DCP n°3)

1499238372.jpgLe lundi 14 décembre 2009 s'est tenue la troisième réunion du programme DCP pour l'année 2009-2010.

Le thème du jour était présenté par Isabelle Saint Martin (maître de conférences à l'EPHE et directrice adjointe de l'Institut Européen en Sciences des Religions).

 

Voici l'intitulé de son exposé: "Les nouvelles églises parisiennes construites à l'époque du cardinal Lustiger".



Le compte-rendu ci-dessous ne dévoile que quelques brefs aperçus d'un exposé beaucoup plus riche qui trouvera, en son temps, des prolongements et une publication.


Un corpus bâti de six lieux de culte



Isabelle Saint Martin souligne la spécificité de son approche: elle intervient avant tout en historienne de l'art, et travaille sur un corpus bâti de six lieux de culte, étudiés dans le cadre d'une recherche plus large sur les relations entre art et liturgie.

Six églises parisiennes sont passées en revue, au fil d'une analyse appuyée sur une projection Powerpoint qui permet de visualiser avec précision chaque site. Cinq d'entre elles se trouvent dans Paris intra-muros, la sixième (Notre Dame de Pentecôte) est localisée à La Défense. À noter que cette dernière n'a pas été directement initiée par le cardinal Lustiger, mais par l'évêque de Nanterre.

Datées de 1995 à 2005, ces églises ont pour point commun d'émerger APRES le retour à la visibilité architecturale du catholicisme parisien. Ce retour date en effet plutôt des années 1980, avec la cathédrale d'Evry comme emblème.


La fin de la période de "l'enfouissement"



Isabelle Saint-Martin recadre très opportunément la chronologie catholique parisienne, en distinguant d'abord l'époque de "l'enfouissement", durant les années 1960 et 1970 surtout. Les métaphores du levain da la pâte, du sel dans la terre... mettent l'accent sur la discrétion maximale (années 1960 et 1970). C'est le temps des églises démontables, discrètes, polyvalentes, qui se fondent dans le paysage urbain.

Avec les années 1980, on entre dans une seconde période, marquée par le sceau de la "Nouvelle Evangélisation" (grand thème du pontificat de Jean-Paul II). C'est le temps de la visibilité retrouvée, de la monumentalité, dans une évolution qui n'a rien de spécifiquement parisien.

Cela dit, Jean-Marie Aaron Lustiger, dans la capitale, s'avère un élément particulièrement moteur. Convaincu que des erreurs ont été commises durant la période précédente, le cardinal qu'il est devenu en 1983 voue à l'architecture un intérêt précoce et soutenu. Il commandite directement plusieurs réalisations destinées à infléchir la tendance dans le sens d'un retour à l'affirmation catholique dans l'espace urbain parisien.

 

 

Visibilité sans monumentalité


L'hypothèse développée par Isabelle Saint-Martin est la suivante : à partir du milieu des années 1990, c'est une autre page qui s'ouvre dans l'architecture catholique parisienne. L'accent sur la visibilité n'est pas abandonné, mais on observe un intérêt accentué pour le service de proximité.

On prend en compte les pratiques communautaires plus réduites, à portée de pied. Visibilité, oui, mais sans monumentalité.  Une idée force domine : l'offre de proximité suscitera la demande.

L'église Notre Dame, dans la rue de la Roquette (11e arrondissement) illustre, entre autres, cette évolution. On y observe, comme à l'église Notre Dame de l'Arche de l'Alliance, un souci esthétique très soigné, au service de l'expression communautaire, dans la lignée de Vatican II qui insiste sur la participation active des fidèles.


Lisibilité des espaces



On souligne par ailleurs l'importance d'une présence non pas seulement visible, mais "lisible", c'est-à-dire permettant une lecture symbolique du lieu (rôle important des textes et des dépliants explicatifs). L'espace cultuel, dans sa conception physique même, participe d'une forme de catéchèse des adultes, qui constitue aujourd'hui en enjeu brûlant pour l'Église catholique.

Au travers des six exemples remarquablement décrits par Isabelle Saint-Martin, on comprend combien l'évolution du religieux parisien s'inscrit aussi dans la pierre: une enquête passionnante à poursuivre.

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